
Ton prénom résonne dans mon cœur et c’est une part de moi qui est partie avec toi.
Tant d’aventures vécues ensemble, tant de choses à apprendre et à partager encore…
Tour à tour coéquipiers, potes, colocataires, témoins, compagnons de route, nos guitares toujours en bandoulière.
Nous avons grandi, mûri ensemble, avec insouciance et légèreté, avec profondeur aussi, fidèles aux enfants que nous étions. Nous avons aimé et sommes devenus pères, et si nous avons pris chacun notre chemin, nous n’étions jamais très loin l’un de l’autre…
Nous avons fait fleurir nos convictions, appris à parler de nos émotions, cherché un sens à notre vie, cultivé notre humour et affiné nos accords. Nous avons chuté parfois, nous sommes relevés et avons continué à chercher. Nous avions des rêves assez grands pour ne pas les perdre de vue en les poursuivant…
Puis la maladie a mis à mal tous tes projets. Un abîme vertigineux s’est ouvert à tes pieds et a stoppé net ton bel élan. Des examens invasifs, des aiguilles dans tes veines, des traitements lourds et ton corps meurtri dans un combat inégal.
Tous autour de toi, ta famille, tes amis s’affairent et ne te laissent pas tomber. Ils sont si nombreux…
Tu crées un canal pour donner de tes nouvelles. Nous sommes des centaines à te suivre, guetter la moindre amélioration de ton état de santé, s’inquiéter à chaque rechute. Ça te fait du bien, tu te sens entouré et tu l’es.
Tu es là, présent à la maladie, tu cherches, tu t’informes, tu lis, tu changes certaines habitudes, tu te débats ! Et la maladie recule, l’activité tumorale faiblit puis semble s’éteindre.
Nous croyons tous à une guérison et toi le premier ! Le temps de reprendre en main tes projets, remonter la pente, te refaire une santé, te réjouir et continuer à écrire…
Mais la maladie revient en force, plus violente, sournoise et destructrice. Il y a des complications, ton immunité est au plus bas. Le combat est déséquilibré, perdu d’avance… Perdu.
Tout va très vite, nous nous relayons à ton chevet. Tu es si fragile, si frêle. Tu nous parles, tu es admirable, digne. Tu as déjà accepté ce que nous peinons encore à réaliser…
Les calmants t’endorment, tu es déjà ailleurs. Je te parle et te fredonne des chansons, je n’arrive pas au bout, mon émotion est trop forte. Je caresse ta joue, te colle des becs. Tu réagis un peu. Je te quitte, le cœur gros, sans savoir si je te reverrai.
David m’appelle tôt le matin, il a veillé sur toi toute la nuit. Tu as trouvé que c’est un beau moment pour laisser glisser ta main et tu quittes ce monde avec Peter Gabriel en musique de fond.
Et plus rien… juste ton silence.
Ta force nous aide à rester debout.
Dans ce grand vide que tu laisses, j’aimerais garder…
les fondues au Bambi, le carving sur Savoleyre avec Manoé et Evan dans tes skis, à fond ! Mathieu Boogaerts au Paléo, Stephan Eicher sur le radeau des inutiles dans le Lavaux, nos duos de guitares folk, nos fausses notes et nos fous rires, nos sorties spontanées et simultanées, nos silences, nos larmes et nos regards sur le monde, U2, Bruce Springsteen, le théâtre, le picking, le foot et une blanche bien fraîche, Jacques Higelin et ses Lettres d’amour d’un soldat de 20 ans, Les 7 clés de la Rémission, livre qui t’a tant inspiré pour viser la guérison, le chalet de Titine, les tranches panées de Marie-Josèphe, les dérapages sur la neige dans la Panda de Reynold, l’Italie dans l’accent de Piero et les petits plats de Rosa, les mains d’Isabelle pour t’apaiser un peu.
Durant toutes ces années, nous avons rempli nos prénoms. C’est bien cela que tu voulais, non ?
Je crois que nous y sommes parvenus et je te promets d’y travailler encore chaque jour de ma vie…
Et toi, depuis ton lointain au-delà, tu me promets de garder un œil sur moi ?
Adieu Pascal, adieu mon pote, adieu mon frère.
Umberto