
Bien cher ami,
Autant te l’avouer de suite Gérald, ton départ ne sera pas prétexte à un vertueux éloge funèbre, mais bien une célébration de la vie, tant la reconnaissance de t’avoir quelque peu côtoyé l’emporte sur le chagrin de la séparation.
Si 2 courtes décennies nous distinguaient, notre appartenance à la même commune, à la même profession nous invitaient naturellement à faire plus ample connaissance.
Et c’est sous la bannière de la gym du Lieu que la relation s’établit entre Toi l’icône locale et moi le requérant des Charbonnières.
Ah ! Ton légendaire ciseau au saut en longueur… ton élégante bascule de fond aux barres parallèles… Et que dire de ton entrain, de ta convivialité à l’heure de la 3e mi-temps.
Tu étais un pilier, un moteur de la société, un rassembleur associant avec bonheur les exigences tant sportives que morales. Oserai-je te le dire n’en déplaise à ta modestie, tu fus pour toute une cohorte une sorte de modèle sans affectation, sans revendication professorale. Et puis tu nous offrais ton inconditionnelle amitié, nous en étions très fiers.
Admets-le ami… les fées t’ont gâté dès le berceau ! Et parmi ces dons j’aimerais souligner ta polyvalence. Toi, le brillant concepteur, le clairvoyant et respecté chef d’entreprise, l’homme attaché à sa région, fidèle à ses idées, engagé dans de multiples mandats tout en fixant ses priorités.
Parmi celles-ci, l’exemplaire vie familiale, cette volonté farouche de garder indépendante votre société et de transmettre le flambeau, ton attachement à la pratique sportive, sauteur à la Ripière, marathonien en Engadine, coureur à pied en de multiples occasions.
« Du temps de notre jeunesse, pas un rocher saillant entre Patin et Roche fendue, d’où nous n’avons pas plongé » me relatait un ami commun…
Je te le confie Gérald, je suis un peu jaloux de cette plénitude de vie… je tente de m’en inspirer, mais le chemin est ardu…
C’est trop me diras-tu ! Je te rassure, la louange n’absout pas le possible et dérisoire égarement qui fait heureusement de nous des êtres imparfaits…
Tu avais ta tête, tu avais ta tronche Dudule… lorsque ton honorable pugnacité faisait place, souvent par jeu, à une forme d’obstination…
Mais quelle jouissance lorsque à force d’arguments, de raisonnements, on pouvait, mais c’était rare, te faire changer d’avis…
Je te remercie ami de ce que tu as été pour l’ensemble de nos concitoyens.
À Dieu ou, Gérald va savoir ?… Au revoir ! même si rien ne presse…
Repose en paix…
Al vivo ! Bostryche !…
Charles-Louis Rochat