Coûte que coûte

De générations en générations, les patrimoines se transmettent.

La vie par la génétique, le savoir par la science, la culture par les arts, la foi par la religion.

Toute société existe et se développe sur l’héritage et dans la continuité de celle qui l’a précédée.

En matière de patrimoines légués par l’histoire, les Combiers sont plutôt très privilégiés.

Nature préservée, infrastructures robustes, économie florissante, culture tonique, collectivités pacifiées : tant de biens infiniment précieux qui offrent et garantissent qualité de vie et art de vivre pour la communauté combière.

Toutefois, cet héritage n’est pas un dû mais une précieuse faveur obligeant à quelques devoirs.

Le premier étant la reconnaissance du labeur et nos ancêtres et la gratitude à leur égard.

Le suivant pourrait être dans la volonté de prendre soin de leur legs pour le transmettre, sinon augmenté du moins préservé à nos descendants.

L’hôpital est l’une de ces richesses héritées. Voulu, construit et soutenu par la population, il est l’un des joyaux que la collectivité locale a offert à ses suivants. Cadeau aussi précieux hier que coûteux aujourd’hui…

Si par sa création il appartient bel et bien aux Combiers, depuis longtemps il ne peut exister que par un soutien collectif extra-combier.

La volonté de disposer d’un système hospitalier local performant relève d’une volonté populaire élargie. En l’occurrence, les prestations réclamées par les régions périphériques les ont contraintes à consentir à une tutelle financière et dépendance opérationnelle externes dont nous ne sommes plus ni maîtres ni seuls acteurs depuis longtemps.

Le défi d’un accès équitable et qualitatif aux services médicaux dépend aussi de la topographie du territoire administré : de fait les régions périphériques, jurassiennes ou préalpines, sont fatalement pénalisées par leurs situations géographiques.

D’où la nécessité du soutien étatique actuel avec sa répartition financière garantissant quelques faveurs aux marges par rapport aux centres.

Aujourd’hui, cette péréquation médicale est sinon menacée du moins remise en cause.

Dès lors, une réelle menace ouvre deux scénarios possibles quant à l’avenir de notre Pôle Santé Vallée de Joux : une solidarité cantonale très vraisemblablement fléchissante entraînant le péril de notre système de soins actuels, ou/et une mutualité locale croissante dans le choix du maintien des prestations de soins actuelles, à tout prix.

Autrement dit : baisse du financement cantonal contre hausse du soutien local.

Cette logique économique soulèverait la question suivante :

combien de Combiers accepteraient de diminuer (… même pas sacrifier) un peu de ce qu’ils croient à tort comme un dû personnel acquis pour assumer un devoir collectif choisi, celui de participer financièrement au soutien du PSVJ ?

A l’heure du « beurre et l’argent du beurre », qui consentirait à renoncer à quelques conforts domestiques ? Choisir une Twingo plutôt qu’une Audi Quatro ? Opter pour un camping à la Ferme plutôt qu’une croisière aux Caraïbes ? Se résigner à une cabane forestière plutôt qu’une résidence secondaire ? Ceci afin de consentir à mettre la «main au porte-monnaie» en faveur du PSVJ ?

Évidemment, diviser 3’000’000 par 7’000, cela fait beaucoup par individu pour s’offrir des services de soins de qualité. «Coûte que coûte», cela sera-t-il peut-être la question à poser collectivement pour disposer, conserver et transmettre cet héritage ?

Jean-Pierre Jaccard
1341 L’Orient

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