
Le lecteur pourra légitimement être sidéré de la valeur historique de cette publication hors norme et de la qualité impressionnante des reproductions des meilleurs clichés des bâtiments des glacières du Pont et des travaux qui s’y déroulaient. Il admirera tout particulièrement les photos d’Auguste Reymond qui, dès le tout début de l’installation des glacières du Pont, à fin 1879, s’est précipité avec son attelage et ses appareils au bord du lac Brenet. Ceci pour saisir la construction du premier entrepôt où l’on voit des menuisiers et charpentiers se positionner en équilibre à dix mètres de haut pour les moins sujets au vertige, comme pour fixer la première récolte de glace, alors que l’on montait cette froide marchandise du bord du lac où elle avait été récoltée à l’arrière du bâtiment d’où elle serait dirigée vers l’intérieur par des glissières. On avait établi à cet effet un pont dit à l’allemande, un type que l’on voit parfois dans certaines granges de ferme.
Que de clichés extraordinaires qui fixent à jamais une entreprise hors du commun, mise pourtant hors-jeu à la fin des années trente du XXe siècle, quand la glace artificielle supplantait définitivement la glace naturelle. La carte postale remplacera bientôt les clichés antérieurs effectués sur de grandes plaques de verre. Envoyer une carte postale serait un moyen élégant de faire signe à tous les amis de l’extérieur en leur proposant de découvrir la vie d’une industrie vraiment originale et dont la réputation était a son apogée.
Plus tard le photographe Joseph Locatelli du Pont allait prendre la relève. Il semblerait qu’il ait produit les derniers clichés en rapport avec les glacières. Notons que toutes ces photos proviennent de quatre collections et que leurs propriétaires respectifs ont cédé tous leurs droits possibles quant à ces clichés à l’entreprise d’édition Cavin-Baudat. Merci à eux tous.
Pour le texte, sachez que les archives des glacières, avec siège social à Genève, puis à Lausanne, puis à nouveau à Genève, ont entièrement disparu. Il y a peu de chance à cet égard qu’on les retrouve un jour. Seuls demeurent six registres de copie-lettres témoignant de certaines périodes de la vie des glacières. On ne peut que regretter la collection intégrale qui devait sans doute comprendre une vingtaine de volumes. Ainsi par ces pertes, aucun procès-verbal, aucun plan, aucune comptabilité, aucune correspondance reçue de l’extérieur, tous ces domaines de l’administration d’une entreprise qui auraient permis d’aller plus loin dans les détails : la rentabilité réelle des glacières, le nom de tous les clients, leur domicile, les listages concernant les employés aux récoltes. Ces silences touchent à des domaines qui auraient pu mieux encore éclairer la vie des glacières. Ainsi, à titre d’exemple, on ne sait rien de l’armada des ouvriers qui procédaient à la récolte en janvier-février. D’où venaient-ils, qu’elle était leur profession de base et surtout où logeaient-ils ? On croit pouvoir indiquer quand même que d’aucuns avaient pris domicile à la maison de Bonport, disparue depuis lors. Quant aux repas, on peut légitimement penser qu’ils les prenaient à l’Hôtel de la Truite, et que son tenancier, Edgar Rochat, par ailleurs premier directeur local des glacières et même premier concessionnaire des glaces de nos lacs, pouvait se frotter les mains.
Bref, il restera quelques questions sans réponses quant à la vie pour dire intime de ces glacières. Mais grosso modo, on peut affirmer que les périodes les plus originales ont pu être analysées avec succès.
Notons tout de même que l’absence d’archives propres à la société est rendue moins pénalisante par les nombreux documents tirés de nos archives publiques, des ACV et des archives CFF de Lausanne. Nos collectionneurs détenaient aussi des documents écrits de haute valeur qui auront à leur tour permis de donner plus de corps à cet ouvrage.
Ce fut vraiment une aventure extraordinaire que celle des glacières du Pont, à l’origine, on l’a dit et redit, de la construction du chemin de fer
Le Pont-Vallorbe. Bien qu’au final la responsabilité de cet ouvrage incomba à une autre entité, la compagnie du chemin de fer Le Pont-Vallorbe. Les rapports entre les deux sociétés ne furent pas des meilleurs, malgré les propos dithyrambiques que les orateurs proposèrent aux convives du banquet offert à l’Hôtel de la Truite lors de l’inauguration de notre ligne le
30 octobre 1886.
La réalisation de cet ouvrage fut elle aussi toute une aventure. On ne crée pas un livre de plus de deux cents pages d’un claquement de doigts. Il fallut rédiger, trier les photos, composer, rectifier, revoir, élaguer parfois, introduire – ce fut ici l’affaire de M. Gilbert Coutaz, directeur honoraire des ACV. L’imprimerie Cavin-Baudat se donna à fond dans la composition de cette rétrospective unique, puisque l’on peut parler avec les glacières du Pont d’une entreprise internationale fournissant en masse le marché de Paris ainsi que d’autres villes de France.
Remercions au final tous les intéressés, et particulièrement nos fidèles sponsors, dont le fonds Paul-Édouard Piguet et nos communes et village, sans oublier Jean-Pierre Devaud, collectionneur passionné, qui voulait vraiment que ce livre sur les glacières paraisse aujourd’hui et non plus demain ! Avant que l’on ait passé l’arme à gauche, nous affirma-t-il à plusieurs reprises. On se devait donc de lui obéir et en conséquence, voici le livre, et voici l’homme comblé !
Voilà, il ne nous reste plus qu’un vœu à faire, celui que ce livre pourra prendre place de manière toute légitime sur le meilleur rayonnage de votre bibliothèque combière !
Rémy Rochat
Disponible dans les points de vente :
Vallée de Joux tourisme, Le Pont
Hôtel du Cygne, Les Charbonnières
Coop du Sentier
Ronde des Pains, Le Brassus
Ronde des Pains, Les Bioux
Ronde des Pains, Le Sentier
Kiosque du Brassus
La Villageoise, Le Lieu
Le Petit Marché, Le Pont
Kiosque Le Sentier
L’Epicerie, L’Orient
CBV, Le Sentier
Imprimerie Cavin-Baudat, L’Orient
