Peut-être avez-vous découvert, cet été, le film de Petra Volpe « En première ligne » ? Il retrace la soirée
d’une infirmière en milieu hospitalier. Ayant pratiqué en tant que professionnelle des soins pendant plus de 40 ans, je peux vous dire que ce film reflète la réalité du milieu des soins infirmiers et que, en 40 ans, les conditions de travail n’ont guère changé. De ce fait, la sécurité du patient est toujours aussi lacunaire.
On parle de restriction budgétaire au Pôle Santé mais s’est-on posé la question de savoir comment mieux soigner avec moins de moyens ? Et cela est-il possible sans porter atteinte à la qualité des soins (sécurité du patient, confort, efficacité du soin) ? Pour ce faire il faut arrêter de penser que soigner peut-être rentable, le soin ne rapporte rien, il coûte. Les assurances et les politiques sont-ils prêts à l’entendre ?
Deuxième sujet le séneçon de jacobée, cette petite fleur jaune en grappe que certains trouvent tellement jolie dans les jardins et sur les talus… Voilà bientôt quatre ans que j’essaie de mobiliser les diverses instances responsables pour éradiquer ce séneçon qui est très toxique pour vaches et chevaux et qui se répand de plus en plus à La Vallée. Ayant contacté au niveau cantonal le service de l’environnement et celui de l’agriculture, je n’ai pu avoir réponse à la question simple : « Faut-il mettre des gants et quel type de gants lors d’une séance de ramassage du séneçon ? » Comment alors penser qu’une quelconque action puisse être entreprise face à une telle inertie entre les scientifiques, les milieux décisionnels et les réels problèmes du terrain ?
Troisième sujet : le loup. Le loup fait de gros dégâts dans les troupeaux et de manière cruelle pour les animaux. Le « yaka mettre des chiens, OPAL et rentrer les troupeaux la nuit » ne semble pas suffisant puisque les attaques n’ont pas diminué cet été. Quand mobilisera-t-on des humains connaissant bien le comportement du loup et n’ayant pas peur de sortir de leur bureau pour aller parcourir les terres jurassiennes afin de connaître exactement la manière de vivre de cet animal et de pouvoir réguler, avec rigueur et sérieux, le nombre des individus ? Le film de Jean-Jacques Annaud « Le dernier loup » montre bien comment les nomades éleveurs de moutons du nord de la Chine cohabitent avec le loup, comment ils le régulent voire comment ils profitent de sa réserve de viande en hiver. Mais les nomades côtoient le loup, avec lui ils se déplacent et ils ont à son sujet un savoir ancestral et sage. Ils régulent les naissances afin de ne pas avoir trop de loups. Comment font-ils dans les pays où ils côtoient le loup depuis toujours ?
Voilà trois sujets qui fâchent voire qui apeurent. La peur n’est pas bonne conseillère et met à sa suite bien d’autres émotions qui sont obstacles à bien penser. Revenons rationnels, apprenons à penser ensemble : professionnels du terrain, institution politique et autres, milieu scientifique académique afin d’ensuite avoir le courage d’agir avec efficacité dans la vraie vie.
Dominique Pilloud-Schwaar