L’article « Logement à La Vallée : une équation complexe entre pénurie actuelle et défis futurs », publié dans La Feuille du 11 septembre 2025, parle d’une augmentation potentielle de 4000 emplois et 3400 nouveaux habitants à l’horizon 2040 en cas d’acceptation du PDRZA. Cela signifie concrètement que La Vallée pourrait compter plus de 10’000 habitants et 12’000 emplois d’ici quinze ans.
Cette croissance démographique et économique exercera une pression supplémentaire sur le réseau d’eau potable, fournie actuellement à 65% par la source du Brassus. Il est à relever que, selon la loi fédérale, le débit minimum de ce cours d’eau doit être de 50 litres/seconde, débit qui n’est souvent pas atteint en période estivale. Une demande encore accrue en eau potable, surtout en période de sécheresse estivale, mettra encore plus à mal le réseau hydrique de La Vallée et sa biodiversité.
Nous nous inquiétons d’une charge excessive sur les ressources en eau. La sécheresse de 2022, qui a entraîné des restrictions d’usage, a déjà prouvé la fragilité de notre approvisionnement. Face à cela, la solution envisagée de puiser dans le lac de Joux est une aberration, une fuite en avant.
Les eaux usées industrielles et domestiques supplémentaires générées d’ici 2040 devront être traitées de manière efficace. La nouvelle station d’épuration (STEP) de La Vallée devra être dimensionnée et équipée pour faire face à cette charge accrue et pour éliminer les micropolluants, mais sa réalisation prendra une dizaine d’années ! Un traitement insuffisant pourrait conduire au rejet de substances nocives dans les cours d’eau, affectant la faune, la flore aquatique et la qualité de l’eau en aval, jusqu’au lac de Joux et au-delà.
Même avec des normes strictes, un accident (fuite, déversement), une mauvaise gestion des eaux usées ou l’accumulation de micropolluants provenant des eaux de ruissellement peuvent contaminer les nappes phréatiques et les cours d’eau.
Les pollutions récentes du Brassus et de l’Orbe au Sentier, respectivement les 19 et 24 août derniers, nous rappellent douloureusement que nous ne sommes pas à l’abri de ces sinistres ! Ces fréquentes pollutions sont une source d’inquiétude, comme l’a souligné l’émission « Mise au point » de la RTS dans son reportage « Pollutions à répétition » diffusée le 14 septembre dernier.
La construction de vastes bâtiments, parkings et routes provoque une imperméabilisation massive des sols. L’eau de pluie, au lieu de s’infiltrer naturellement dans les sols, ruisselle en surface. Elle entraîne avec elle les polluants déposés sur les surfaces (hydrocarbures, particules métalliques, résidus de chantier) directement vers les réseaux d’eau claire qui, souvent, se déversent sans traitement dans les cours d’eau. Cela altère la qualité de l’eau et peut perturber leur débit naturel, augmentant les risques de crues en cas de fortes pluies.
Il nous semble important que l’infrastructure pour la gestion de l’eau soit mise en place en prévision et en amont de tout développement économique et démographique ; par ailleurs, ces
développements annoncés seront-ils supportables avec nos ressources hydriques ?
Fábia & Jean-Christophe Meylan