Dans le débat autour du plan directeur des zones d’activités (PDRZA), une entreprise locale a publié la semaine dernière un courrier aux accents très alarmistes. On y trouve des expressions comme « abus démocratique », « coup de poignard », ou encore la menace de devoir « développer hors de La Vallée ».
Ces mots ne sont pas anodins. On sait depuis longtemps que ce genre de discours repose sur des procédés bien rodés :
• L’appel à la peur : ce moyen a déjà été utilisé dans ce dossier, par exemple en invoquant que le canton pourrait imposer aux Combiers, sans consultation publique, des entreprises, en cas de NON. Désormais, c’est en suggérant qu’un refus mènerait à la perte d’emplois ou au départ d’entreprises. Sous l’effet de la crainte, il devient plus difficile de raisonner calmement et de comparer les arguments.
• L’opposition “nous contre eux” : présenter une commune, en l’occurrence Le Chenit, comme égoïste face aux 2 autres communes. Cela crée de la méfiance entre groupes et polarise le débat, au lieu de favoriser une recherche commune de solutions. Le droit de référendum était possible dans les 3 communes. Seule la commune du Chenit s’est saisie de ce droit démocratique, pas contre les autres, mais pour consulter ses citoyens quant à leur avenir.
• La moralisation : qualifier un vote d’« égoïste » ou d’« abus démocratique » transforme un désaccord politique en accusation morale. Or, un citoyen qui n’est pas d’accord ne devient pas pour autant coupable ou mauvais.
Ces techniques ont un effet puissant : elles réduisent notre capacité de jugement et nous poussent vers des décisions rapides, dictées par l’émotion plutôt que par une analyse posée.
Pourtant, une votation démocratique mérite un débat basé sur des faits, des chiffres, des avantages et inconvénients discutés ouvertement, pas sur des menaces ou sur la culpabilisation des citoyens.
Au moment de voter, sachons reconnaître ces mécanismes de peur, d’opposition, de culpabilisation et de moralisation. Ce n’est pas un signe de faiblesse que d’en être influencés, c’est humain. Mais en prendre conscience, c’est déjà se redonner la liberté de réfléchir par soi-même.
Pour rappel, tant la commission unanime du Conseil communal du Chenit que le Comité référendaire soutiennent un développement économique de la Vallée de Joux, notamment le secteur de l’artisanat et des PME, mais avec une réelle volonté quant à la préservation de la qualité de vie pour ses habitants.
Voter NON le 28 septembre, c’est simplement demander que ce projet soit repris et retravaillé.
Jean-Luc Lecoultre