PDRZA

Face au Plan directeur régional des zones d’activités (PDRZA) soumis au vote le 28 septembre au Chenit, le comité référendaire expose ses inquiétudes.  Pour lui, ce plan qui « prévoit de faire passer la Vallée de Joux de 8’000 à 12’000 emplois d’ici 2040 menacerait l’équilibre territorial et la qualité de vie des habitants », malgré des projections économiques qu’il ne conteste pas.

Comité référendaire : « Ce plan ne prend pas suffisamment en compte les besoins des habitants »

Des chiffres acceptés, mais des dimensions contestées

« Le comité référendaire ne remet pas en question ni les chiffres avancés, ni la méthodologie pour les établir. Il n’en a d’ailleurs pas la prétention », affirme d’emblée le comité. Les projections de croissance anticipant une progression drastique des emplois d’ici 2040 ne sont donc pas le cœur du débat. Ce qui pose problème, c’est la traduction territoriale de ces ambitions : « Le comité référendaire demande de revoir les dimensions de certaines zones stratégiques, et doute que les mesures d’accompagnement soient efficaces. » Les zones du Trési et des Ordons Sud sont particulièrement visées par ces critiques.

Une prise de conscience tardive mais révélatrice

Le processus d’élaboration, étalé sur sept ans avec une consultation publique d’un mois en mai-juin 2023, ne suscite pas de critiques particulières du comité sur sa durée ou sa méthodologie. Cependant, un élément interpelle : « Entre le début du processus de consultation et aujourd’hui, des bâtiments industriels ont été réalisés, et les volumes de ces projets nous font prendre conscience des enjeux du PDRZA. ». Cette réalisation concrète a servi de révélateur sur l’ampleur des transformations à venir, rendant tangibles des projections jusqu’alors théoriques.

Le comité se montre « favorable au développement des zones d’activités locales et régionales », mais regrette vivement « que ce PDRZA ne leur alloue pas suffisamment de terrains supplémentaires. » Leur constat est sans appel : « Les zones stratégiques (intérêt cantonal) progressent massivement (+42%) principalement au détriment des surfaces agricoles. » Cette répartition déséquilibrée entre les trois catégories de zones – stratégiques, régionales et locales – constitue l’un des points de friction majeurs. Le comité y voit une priorité donnée aux grandes entreprises au détriment du tissu économique local et de la préservation des terres agricoles.

La mobilité, talon d’Achille du projet?

Si le comité « plébiscite » les démarches de mobilité évoquées, incluant des projets de transport transfrontaliers et l’amélioration de la desserte ferroviaire, il tempère immédiatement : « Il estime toutefois que les mesures d’accompagnement proposées ne sont pas en adéquation avec le défi immense d’absorber l’augmentation prévue du trafic. » Le problème est avant tout temporel : « Les mesures, si elles s’avèrent efficaces, demandent du temps pour être mises en place. Pourtant, le temps presse car les constructions pourraient débuter prochainement avec l’acceptation de ce PDRZA. » Un décalage entre le développement immédiat et les solutions de mobilité futures qui inquiète profondément.

«Un refus ne signifierait pas un blocage de cinq ans»

Face aux avertissements des autorités évoquant un délai d’au moins cinq ans pour élaborer un nouveau plan, le comité reste serein : « Le comité référendaire estime que la durée évoquée par la Municipalité est totalement théorique, considérant que ce n’est qu’à la marge qu’il est demandé de revoir ce PDRZA. » Quant au risque de voir le canton imposer ses vues, le comité s’appuie sur un avis de droit du bureau d’avocats R&R : « La loi cantonale permet certes de bloquer le développement de zones d’activités stratégiques, mais il ne peut en principe pas planifier lui-même le territoire communal. » Les droits démocratiques resteraient donc intacts, avec consultation de la Municipalité et enquête publique de 30 jours pour tout plan d’affectation cantonal.

Un modèle économique qui «renforce les déséquilibres»

La Vallée de Joux présente déjà la particularité d’avoir plus d’emplois que d’habitants. Le PDRZA accentuerait cette tendance : « Aujourd’hui, la Vallée de Joux compte environ 8’000 emplois pour 7’000 habitants (coefficient de 1,15). En 2040, elle comptera 12’000 emplois pour 10’000 habitants (coefficient 1,20). » Cette croissance se ferait par « l’attribution de très grandes surfaces aux zones stratégiques (intérêt cantonal) », avec pour corollaire que « l’augmentation massive d’emplois impliquera également des défis importants en termes de mobilité. »

Une vision alternative pour un développement équilibré

Le comité ne s’oppose pas au principe de planification : « Une démarche d’anticipation et une planification des besoins futurs est primordiale. Cette planification permet un développement sain. » Mais il récuse le PDRZA actuel et « l’impact que celui-ci aura sur la qualité de vie des habitants de la commune du Chenit. ». Parmi les exigences figure la réduction des nouvelles
zones stratégiques, un calendrier publié du plan de mobilité régionale, l’obligation d’un plan de mobilité dès 50 employés, une étude d’impact sur l’eau et les infrastructures, et « un mécanisme empêchant l’octroi d’un permis de construire si une entreprise n’a pas déjà pleinement exploité ses ressources foncières disponibles. »

Geek des bois et Combier d’adoption, il mélange avec passion balades dans le Risoud et nouvelles technologies. Peut être aussi aperçu sur les rives de l’Orbe ou – plus rarement – à la rédaction de La Feuille. Il trouve son équilibre entre nature et numérique.

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