Oui au congé paternité

Le modèle sociétal de la maman restant au foyer pour s’occuper des enfants et du papa se chargeant de faire vivre économiquement la famille n’est plus, n’en déplaise à quelques conservateurs. Aujourd’hui, les mères peuvent faire carrière, elles ne sont plus tenues par quelques normes à rester à la maison et la maternité ne doit plus être un obstacle pour elles. La répartition des rôles telle qu’on l’a connue il y a 50 ans n’est plus valable aujourd’hui et le monde du travail doit suivre cette adaptation.

Aujourd’hui, lorsqu’une femme accouche elle a droit à 14 semaines de congé maternité. Le père en revanche, n’a droit qu’à un ou deux jours (si son entreprise est généreuse) de congé pour partager les premiers instants de la vie de son enfant. Où est l’égalité dans ce modèle? Il laisse à la mère le soin de s’occuper non seulement de son nouveau-né mais de toutes les autres tâches qu’elle avait déjà avant d’accoucher, car le père doit retourner travailler. N’accorder aux papas que 2 jours tout au plus de congé paternité c’est perpétuer une formule qui n’est plus d’actualité et qui n’est pas égalitaire. Alors soit, deux semaines ce n’est pas beaucoup quand on pense à la charge de travail qu’incombe un nourrisson, mais c’est déjà beaucoup plus que ce qui était accordé jusqu’à aujourd’hui.

L’argumentation des opposants à ce projet repose sur l’aspect financier. Ils le jugent en effet trop cher, allant jusqu’à comparer le congé paternité à «des vacances supplémentaires offertes à quelques personnes». J’imagine que ceux qui ont rédigé cet argumentaire n’ont jamais eu d’enfants. En effet, je ne suis pas sûre que la vie de jeune parent puisse être considérée comme des «vacances». Mais l’argument économique reste valable: permettre aux pères d’être plus présents à la maison pourra permettre aux mères de retourner plus rapidement et plus facilement sur le marché du travail, car le rôle de parents sera partagé plus égalitairement, depuis les premiers instants de l’enfant. En outre, les deux semaines de congé paternité proposées par cette votation ne coûteront pas plus d’une demi-tasse de café par mois sur les fiches de paie.

Pour finir, est-il nécessaire de mentionner que la Suisse est très en retard sur le sujet? En effet, en Europe, c’est le seul pays avec l’Albanie et l’Irlande à n’offrir aucun soutien aux jeunes pères. Déjà quand il s’agissait de donner le droit de vote aux femmes, la Suisse n’était pas une pionnière. Aujourd’hui, nous avons l’occasion de rattraper notre retard. Dire OUI au congé paternité, c’est donc être en phase avec son époque et soutenir un projet qui profitera à la société dans son ensemble.

Adriane Bossy,
PS Vallée de Joux

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