Dans notre enfance hivernale, il y a eu un avant-téléski et un après-téléski. Avant, comme partout dans les villages combiers, on damait la piste et, même à pied, lors des grands concours. Deux activités dominaient les journées hivernales: le saut sur les multiples petits tremplins, aux noms ancrés à tout jamais dans la nostalgie, et les entraînements dans les piquets de slalom volumineux et, à trois couleurs. Selon l’humeur de l’éducation maternelle, la cerise sur le gâteau se dégustait le soir à l’éclairée de L’Orient ou le mercredi au télé des Mollards au Brassus.
Et puis, est survenu le téléski de L’Orient, véritable trésor, quand on est né, comme les Frères Piguet, au pied des pistes.
Premiers skis métalliques, l’odeur du fart, la liberté, on resquillait la queue, sauf le dimanche, pour laisser la place à la foule de l’arc lémanique! Les années ont passé, ma présence sur les pistes du «Petit Jules» s’est espacée pour d’autres horizons, mais à chaque remontée de la plaine, voir le téléski tourner, c’est l’horloge qui remonte le temps. Voilà pourquoi, quand le comité nous a contactés, avec mes grands frangins Piguet, on n’a pas hésité, à venir le 10 février, surtout associés à un enfant Rochat des Bioux qui nous a avoué avoir plutôt usé le téléski de L’Abbaye! On évoquera aussi quelques souvenirs, comme après le slalom au téléski du Brassus, quand on rentrait skis aux pieds par le haut: Petites Chaumilles, le Croton, afin de vite s’offrir une
ultime «noize» à L’Orient, au coucher du soleil, et d’entendre l’oncle Gilbert Caillet nous dire, comme chaque jour: «C’est la dernière!»
Denis Meylan
Bouillon