Récit : Les Lapons en vadrouille

Du 24 au 26 janvier 2024, au cœur d’une semaine copieusement arrosée, une dizaine de skieurs nordiques d’un certain âge ont pu exercer leur passion pour les lattes étroites dans le secteur du Haut Jura, à une quarantaine de kilomètres de la Vallée de Joux…

Notre petite équipe de «mordus», chaque année de plus en plus proches de l’ethnie des «Tamalous» n’a jamais rechigné à la tâche. Si à 1200 m d’altitude la précieuse manne blanche brillait par son absence, nous avons trouvé de quoi assouvir notre soif de mouvements au site de La Vattay à 2 km du col de la Faucille. Patinoire au départ, les pistes se sont vite avérées de très bonne qualité, entre 1300 et 1450 m, au cœur des rochers et de l’épaisse forêt. Un léger crachin le matin, une bonne agape à La Chaumière, au col, et en piste pour un deuxième tour sous une petite pluie tenace… Trempés mais contents, nous prenons ensuite nos chambres à Pré Fillet, au pied des Molunes; logis de rêve durant ce court séjour. Dans ce bel hôtel familial, l’accueil est toujours agréable, et la cuisine excellente. Quant au calme, il est au minimum olympien… Le crémant du Jura nous ouvre les papillles et, au repas, un fartage du gosier bien dosé, à base de blanc et de rouge de qualité, nous met en adéquation avec la maxime «après l’effort, le réconfort!»… Avec une petite chantée pour le 80e anniversaire de notre ami Willy Jutzeler!

Le lendemain, on remonte à La Vattay pour la plus belle journée du séjour. Equipés de nos skis à petites peaux (idéales pour les vieilles peaux), la piste rouge dite «La petite Grande» nous permet de bénéficier d’une superbe vue sur le Léman et le Mont Blanc. Malgré quelques virages raides, où ça brasse un peu, aucune chute à déplorer… Puis, au fin fond de Bellecombe, La Guienette nous reçoit pour un repas où jambon au foin, gratin et tarte aux poires à la hauteur, ont tôt fait de nous rassasier! On voit des groupes de touristes sillonner à pied les pistes de fond, bâtons en mains, raquettes fixées au dos du sac.

Etrange spectacle au cœur de cet hiver, où le climat n’arrête pas de faire des siennes… Le soir, après l’apéro, les bavardages d’usage et quelques parties de jass, on décide de supprimer l’entrée… Et l’on savoure, à la carte, un délicieux poulet au vin jaune et sauce aux morilles, dans laquelle ces champignons iconiques sont en nombre généreux!

La météo incertaine du vendredi nous incite à en faire un jour de repos… Mais hors de question de traîner au lit: nous visitons, gratuitement, le magasin-musée de la nouvelle usine des pipes Chacom, située juste avant Saint-Claude, dans la côte de Montbrillant. Une charmante hôtesse nous renseigne de façon si éloquente que nous ne pipons mot… Trois écrans nous permettent de suivre la fabrication de A à Z; divers outils et matériaux, à portée de main, nous imprègnent de ce monde méconnu, où l’ancien et le moderne se côtoient avec succès. Une douzaine d’ouvriers et d’ouvrières assurent encore la fabrication d’environ 200 pipes par jour. Toutes sont taillées dans le bois de bruyère méditerranéenne, grande plante invasive, plus précisément dans un gros bulbe racinaire impressionnant, qui trône au cœur de la boutique. Une visite-éclair à l’imposante cathédrale du 13e siècle, avec un détour sous des arcades garnies de fresques plus prosaïques, clôt ce survol de la cité sise sur la Bienne.

Arrêt près de la Pesse où une potée de bœuf Highland, et l’inévitable gratin, apaisent nos estomacs au milieu de quelques familles avec une nuée de petits enfants… La neige doit leur manquer!

Les deux Willy, Jean-Claude, André, Florian et Daniel, Ali et Charles-Louis. Roger et Pierre sont revenus enchantés d’avoir pu pratiquer, dans une excellente ambiance, leur sport hivernal de prédilection, malgré la mauvaise humeur de Dame Nature…

Pour les «Lapons», R.B.

Laisser un commentaire