Dimanche prochain, le peuple suisse se prononcera sur l’achat d’avions de combat. A l’inverse de la dernière proposition concernant les avions Gripen – proposition par ailleurs refusée par la population -, le peuple ne sait pas quel modèle le Conseil fédéral souhaite acquérir. C’est une formule intéressante et quelque peu surprenante qui a été choisie par les sept sages. En effet, c’est comme si un Conseil communal attribuait une enveloppe de 20 millions à la Municipalité pour acheter un bâtiment sans savoir de quel bâtiment il s’agit. Cette façon de faire interroge quelque peu…
Quelle utilité?
Au-delà de la forme, il y a le fond, à savoir: quelle sera l’utilité de ces avions de combat? Concrètement, il n’y a qu’une seule utilité possible: la police aérienne. Pour cela, nous n’avons pas besoin d’avions de combat au prix exorbitant. Il existe de nombreux modèles d’avions bien moins onéreux qui peuvent officier pour cette tâche régalienne.
Pour le reste, et sans paraphraser un illustre Conseiller national vert, les menaces ne peuvent être considérées comme avérées. Nous sommes au cœur de l’OTAN, la plus puissante alliance militaire au monde. Soit l’OTAN a failli et, dans ce cas, l’armée Suisse n’aura pas la capacité de résister, soit c’est l’OTAN, nos voisins directs, qui nous attaque. Autant dire que ces deux scénarios sont plus qu’improbables.
Un cadeau au lobby de l’armement suisse
Ces éléments, le Conseil fédéral les a en sa possession. Dès lors, il ne reste qu’une option pour expliquer cette proposition d’achat d’avions de combat, à savoir: les affaires compensatoires.
Qu’est-ce donc? Il s’agit de garantir qu’une partie de la valeur investie au moment de l’achat des avions de combat sera également investie en Suisse par l’Etat à qui la Confédération achètera les avions de combat. Ainsi, Saab, respectivement la Suède, producteur du Gripen, s’était, par le passé, engagé à réaliser 2,5 milliards d’affaires compensatoires en Suisse sur les 6 milliards que devaient coûter les Gripens pour la Confédération (à ce sujet, voir l’article paru le 28 mars 2014 dans Le Temps). De fait, il s’agit d’une subvention cachée à l’industrie de l’armement suisse puisque c’est pour l’essentiel cette branche de l’industrie qui bénéficierait des affaires compensatoires. A l’heure où Ueli Maurer a annoncé que la Confédération allait, à l’avenir, devoir faire des économies à tous les niveaux pour rembourser la dette contractée pour faire face à la pandémie de Covid-19, il apparaît essentiel d’investir cet argent ailleurs.
Dès lors, je vous encourage, au nom du PS Vallée de Joux, à glisser un non dans l’urne dimanche.
Sébastien Cala
Député