Chère Madame Lucie Rochat,

Tout d’abord, bravo pour votre engagement pour le bien commun. Il en faut de l’énergie et du temps pour s’engager en politique ! Cela montre que nous avons cette valeur commune : la solidarité.

En lisant votre texte, j’ai été surprise de lire votre mésentente du combat féministe actuelle. Loin de moi de vous dire quoi penser, car comme pour vous, certainement, la liberté et une de mes valeurs phares.

J’aimerais en revanche, Madame Rochat, vous proposer de voir la grève des femmes, sous un autre angle que « l’incohérence » du message des féministes. Ne serait-ce pas plutôt de la diversité et de la liberté de penser ?

Pour moi la liberté, c’est de choisir le chemin qui me semble être le plus juste pour soi.

Si ce mardi 14 juin 2022, vous étiez descendue à Lausanne, vous auriez pu vous faire une autre idée que « ces perturbations sociétales bruyantes et inutiles ». En effet, avec une dizaine de camarades de La Vallée nous avons investi la « capitale ». Je suis sûre que vous auriez apprécié d’échanger avec l’une ou l’autre des 10’000 personnes présentes ce jour-là. Peut-être auriez-vous entendu et compris que c’est difficile d’être « nombriliste » en étant des milliers ? Je n’ai pas rencontré ce jours-là, LA femme, mais bien DES femmes. Certaines étaient âgées, d’autres plus jeunes, de toutes cultures, d’orientations sexuelles et partis politiques. Ce mardi 14 juin, dans ce combat féministe, il y avait également des hommes aussi présents pour « contribuer à faire évoluer notre société ».

Et il est vrai que cela fait du bruit les femmes en colère ! En même temps, Madame Rochat vous conviendrez aisément que si nos aînées n’avaient pas « bouélé » dans les années 70, pour obtenir le droit de vote et d’éligibilité, vous ne pourriez pas être à la place que vous tenez aujourd’hui. Car comme vous le savez, la stratégie de demander poliment à ces messieurs les politiciens avait échoué plusieurs fois, en 1929, une pétition de 250’000 signatures avait même été remise au Conseil Fédéral pour exiger le droit de vote. Ce dernier avait enfin répondu à la motion, 20 ans plus tard (!!) et ce, par la négative.

Mardi soir, dans cette foule, vous auriez pu voir beaucoup de slogans pour défendre des combats communs. Par exemple, les agressions sexuelles qu’une femme suisse sur cinq, vit ou vivra dans sa vie ! Ou encore : la pauvreté des femmes : 80% des personnes les plus pauvres en Suisse sont des mères de familles monoparentales. L’égalité des chances pour des postes à responsabilité à compétences égales ; l’égalité des salaires. Pour moi, cela n’est pas être « pathétique » comme vous dites, de se montrer solidaire et en colère, contre ce genre de violences et d’inégalités systémiques. Parce que même si moi, femme combière, je ne vis pas forcément toutes ces violences et discriminations au quotidien, elles existent et c’est un fait.

De tirer sur les messagères ne changera pas le nombre de femmes assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint et ça, seulement parce qu’elles sont des femmes. Je n’ai pas la solution et en faisant grève je montre mon désaccord et bouscule peut-être le monde politique dont vous faites partie. Pourriez-vous me partager les propositions concrètes de l’UDC à propos de ces sujets ?

Madame La Présidente Rochat, le 14 juin 2023, je serai ravie de vous accompagner jusqu’à Lausanne pour constater de vos yeux, la solidarité des femmes vivant en Suisse.

Joséphine Reymond
«Combière, fière et pas prête de se taire»

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